L’injustifiable guerre que mène M. Poutine au peuple ukrainien va-t-elle provoquer une déstabilisation de la chaîne alimentaire mondiale ? Dans quelle proportion cette guerre modifie-t-elle la géopolitique alimentaire mondiale ? Est-ce le moment de repenser les modes de productions ? Ne faut-il pas relancer les agricultures vivrières pour garantir, aux peuples, sécurité et souveraineté alimentaire ?
Telles sont les vastes questions abordées dans ce numéro spécial de La Terre. Nous tentons ainsi d’apporter des éclairages permettant à chacune et chacun de mesurer la capitale importance de cet enjeu. Ainsi, nous mettons à votre disposition des éléments d’informations, des réflexions, des éclairages, des opinions ; des analyses de grands spécialistes mondiaux des problématiques agroalimentaires et d’acteurs des enjeux internationaux. De grands pays commencent à ressentir des manques de blé, de maïs ou de graines de tournesol, résultant à la fois des bouleversements climatiques et des effets de la guerre.
La Russie réoriente ses exportations pour contourner les sanctions. Les semis de blé et de maïs en terres ukrainiennes sont empêchés. Or, leur réussite est un enjeu stratégique. Tout cela risque d’avoir des conséquences durables. Les récoltes futures, et donc l’accès à l’alimentation, seront perturbées au moins durant un an. La hausse vertigineuse des prix des matières agricoles que cela entraîne, dans le cadre du marché capitaliste, va aggraver la faim et mettre des millions de familles des pays occidentaux dans des difficultés inconnues depuis très longtemps. D’autant plus, que la rémunération du travail n’y augmente pas. Exportatrice, avec ses grosses exploitations issues de la privatisation des fermes collectives, l’Ukraine a aussi développé une petite agriculture vivrière qui compte plus de cinq millions de petites fermes de quelques hectares. Celles-ci fournissent tout de même 60 % de la production alimentaire totale indispensable au pays. Mais la guerre, avec les déplacements de populations et les destructions, peut très vite faire basculer une majorité du peuple ukrainien dans la famine.
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