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« Naître à Orthez et mourir à Seattle ? »

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« Vu du Béarn », la chronique d’Olivier Dartigolles. 

Il est un « Monsieur ». 

Une personnalité qui en impose naturellement. Pierre Seillant, le « Prési » historique de l’Elan Béarnais, est intervenu en fin de semaine dans la presse locale. Celui qui a été aux commandes de l’Elan plus de 50 ans n’avait qu’une chose à exprimer : sa tristesse. Ce qui se passe est « une insulte à l’histoire du club ». Lors d’un échange que j’ai eu avec lui samedi, Pierre Seillant a d’abord voulu reparler des origines. Le 15 mars 1973, une petite ville béarnaise, de 10 000 habitants, est promue en Nationale 1 du championnat de basket. Puis, les grands clubs européens ont connu l’ambiance surchauffée de la salle légendaire de la Moutète avant le déménagement au Palais des sports de Pau. Une épopée humaine avec un si beau album de souvenirs et d’anecdotes. Quand Pierre Seillant me parle de ces années-là, comment ne pas établir un lien direct avec François Moncla. La forme du ballon change, la passion est identique et elle est une partie intégrante de notre identité béarnaise, d’une culture commune, sportive et populaire, mêlant les générations et les catégories sociales.

Et maintenant ? Un premier constat. Les nouveaux propriétaires américains de l’Elan Béarnais, le fond d’investissement CounterPointe Sports Group (SCG), n’ont rien compris, rien de rien, à cette identité. Un an après le rachat, les hommes de Seattle nous parlent toujours autant de « business » et de « tokenisation ». En conférence de presse, ils peuvent ne pas répondre à des questions précises. Ils s’expriment en dollars mais n’ont toujours pas remboursé le premier sou des 800 000 euros qu’ils doivent à notre collectivité. La semaine dernière, le Conseil supérieur de gestion de la Ligue nationale de basket (LNB) a notifié à l’Elan son refus d’engagement en Betclic Élite (décidément…) ainsi qu’en Pro B (c’est mieux !) en raison d’un très lourd déficit et d’un manque de garanties sur le budget 2022/2023. Un scénario noir se dessine : dépôt de bilan, liquidation judiciaire et relégation en nationale 3. Les américains n’ont que quelques jours pour répondre aux demandes de la Ligue. 

En juin 2021, avec d’autres élus de l’opposition municipale de Pau, j’avais alerté François Bayrou sur le manque de garanties. Oui mais voilà, le maire de Pau aime ce qui brille. Ce qui peut faire parler de Pau…et un peu (beaucoup, passionnément, à la folie) de lui. À l’époque rien n’apparaît plus flamboyant et innovant que ce rêve américain qui promettait, en complément des ambitions sportives, un parc technologique climatique à proximité du Palais des sports. Pour quel niveau d’investissements ? D’abord 40 millions. Puis 80… et dernièrement 100 millions. Ce « parc technologique climatique », dont le but n’est en rien la lutte contre le réchauffement climatique, devrait être implanté à proximité du Palais des sports de Pau, avec un hôtel 4 étoiles, un amphithéâtre de 3.000 places, des commerces de détail, de la restauration, du sport électronique, de la musique, différentes activités et un objectif de 500.000 visiteurs par an. Avec, à ce jour, un seul document : un plan en 3D. Comment ces hommes de Seattle, représentants du « roi argent », bonimenteurs étoilés, spécialistes du poker menteur, ont-il pu illusionner à ce point François Bayrou, d’origine terrienne et paysanne, madré et expérimenté ? Le maire de Pau a, il est vrai, toujours indiqué que tout cela n’était pas sans risques. Bien vu ! 

Ce soir, en Conseil municipal de Pau, nous aurons un échange sur cette actualité. Un supporter m’a envoyé ceci : « Naître à Orthez pour mourir à Seattle… ». On va essayer de renaître ici. Prenons à bras le corps la question essentielle de l’articulation entre sport professionnel et sport amateur. Mettons un coup d’arrêt à la financiarisation sans limite, à cette économie de casino, à ces opérations d’OPA hostile sur un patrimoine immatériel comme celui de l’Elan. Avec quel engagement territorial pérenne des grandes entreprises (elles ne manquent pas en Béarn dans le domaine de l’énergie, de l’aéronautique ou de l’agro-alimentaire) pour nos clubs pro et amateurs ? Et puis, encore ceci, dans la tempête politique des dernières semaines, il fallait être très attentif pour s’apercevoir de la disparition du Ministère des sports. Or, une grande politique publique en la matière est une urgence.

Image copie d’écran instagram.com/ebplo/

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