« Vu du Béarn », la chronique d’Olivier Dartigolles. Chaque dimanche, j’avais un rendez-vous singulier, associé à un temps qui ne ressemble à nul autre : le petit matin du dimanche, avec un café noir et la presse du jour. Depuis aussi loin qu’il m’en souvienne, je commence cette revue de presse par la lecture du « Paris-Province » de Jean-Claude Guillebaud. Ce 28 août, il signe la dernière chronique après 36 années de compagnonnage avec « Sud Ouest » et « Sud Ouest Dimanche ». Guillebaud n’a jamais été un chroniqueur moutonnier. J’ai aimé sa capacité, restée intacte, à s’émerveiller, à s’indigner, à faire de l’humain le fil rouge de son regard sur notre société et sur les temps à venir.
Il a pu me faire découper cette chronique comme on protège une pépite. Aujourd’hui, je me surprend à la prendre en photo, cette « dernière chronique »… tout en me disant que cette évolution n’est pas une avancée ! Il a pu m’agacer. Mais rien ne m’a laissé indifférent. Cela va être comment un dimanche matin sans Guillebaud ? Il manquera une couleur.
Alors, il nous dit quoi Guillebaud ce 28 août 2022 ?
Il fait le récit de son activité, avant internet, pour faire parvenir son texte depuis des « terres lointaines ». Vietnam, Éthiopie, Hong Kong, Érythrée, Antilles, Nouvelle-Calédonie. Et il remercie « ceux et celles qui l’ont aidé à transmettre et à essayer d’écrire juste ». Puis il évoque sa première chronique où il est fait hommage à un autre grand journaliste, Claude Terrien (Claude de la Poix de Fréminville) qui officiait sur Europe 1.
Il part un peu « ému » car « m’a-t-on dit, le journal souhaite renouveler ses chroniqueurs ». On pourra continuer à le lire dans l’hebdomadaire catholique « La Vie » et le journal protestant « Réforme ».
Il dit aussi son « inquiétude » concernant la situation politique et économique qui nous attend et ce « passage difficile vers un nouveau monde ». Au fil de la lecture de cette chronique, je savais que Guillebaud allait conclure par un message d’espérance. Comme l’avoir deviné ? C’est un lien très particulier que d’avoir rendez-vous, chaque dimanche matin, avec la même personne.
« Il nous faudra vivre et gouverner ce monde avec intelligence et liberté. Il faudra surtout maintenir vivante cette confiance qui bat de l’aile. Or, c’est elle seule qui permet à une démocratie de durer ». Puis, cette citation de Paul Valéry : « Le vent se lève, il faut tenter de vivre ». « Tentons-le avec détermination » conclut Guillebaud.
Merci à lui. Il a très souvent parlé des « gens de peu ». Avec des mots justes et trop rares dans les médias. Sud Ouest nous dit « qu’il va falloir nous habituer à l’absence de ce rendez-vous salutaire ». Ou pas.
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