Faux thons, faux saumons, substitut de fromages, pâtes de farines de légumineuses, bière de couleur verte brassée aux olives, imitation de barbe à papa, substitut de yaourt à base d‘épeautre ainsi que des milliers de produits ultra-transformés sont présenté cette semaine au salon international de l’alimentation (SIAL) au Parc des Expositions de Paris-Nord Villepinte.
Il faut dire que ça cogite à tout va dans les laboratoires et les entreprises qui changent aussi vite de nom qu’elles lèvent des fonds pour inventer ce que nous mangerons demain. Du lait sans vache, ni brebis. De la viande sans volaille ni bovins.
Selon les enquêtes d’opinion, 70% des personnes interrogées pensent que l’alimentation peut présenter un risque pour la santé. Peu importe, pourvu que cela rapporte au complexe agro-industriel en mutation qui, pour ce faire, veut artificialiser toujours plus ce que l’on mangera. Ces mêmes enquêtes révèlent que 90% des sondés souhaitent plus de transparence sur les produits alimentaires. Peu importe, on nous concocte des menus d’usines, loin des champs et de la nature. Le consommateur veut du vrai, on lui fournira du faux et du très cher. Nul doute que tout ceci sera vendu au nom des nécessités de la préservation de l’environnement et pour faire face aux modifications climatiques. Peu importe si ces productions nécessitent plus d’eau et d’énergie. L’environnement est devenu un emballage bien facile et utile pour adapter le capitalisme aux demandes de la société sans jamais remettre en cause ses fondements : l’exploitation de l’homme et de la nature.
Moins de nature, au nom de la nature : tel est le nouveau crédo. Et, cette industrie commence à inscrire sur les étiquettes des eaux et des aliments des ajouts en oligo-aliments et en vitamines prétendument pour immuniser le corps humains contre certaines maladies. De qui se moque t’on à l’époque des scandales alimentaires aussi dangereux que vite étouffé ? Peut-être, nous révélera-t-on dans quelque temps des publicités mensongères et des dangers pour la santé.
On ne saurait contester ni la nécessité d’améliorer toujours plus les qualités nutritionnelles ou gustatives des aliments. Ici, il s’agit plutôt de les modifier, en contournant les efforts indispensables pour organiser un processus de transformation de la production agricole vers un modèle agro-environnemental dans lequel le travail paysan serait correctement rémunéré.
Cette nouvelle phase de l’industrialisation de l’alimentation répond aux besoins d’un capitalisme qui considère que les cycles de la nature sont un frein à la circulation et à la rentabilité du capital. Les entreprises dite « innovantes » aujourd’hui seront rapidement intégrées aux mastodontes du numérique nord-américains qui commencent déjà à ajouter l’alimentation à la panoplie de leurs armes de domination sur les populations mondiales tandis que le nombre de paysans-travailleurs continue de diminuer et que les campagnes sont laissées à l’abandon ici et sur la planète.
La qualité et la sécurité alimentaire, la vie des territoires, le respect de la biodiversité, de l’eau, du climat et du travail exige plutôt une transformation agro-écologique des productions, combinée à des circuits plus courts entre production et consommation. C’est une autre voie.
Avec La Terre, nous souhaitons y contribuer.
Image par Steve Buissinne de Pixabay.
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