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Ils ont parlé et c’est essentiel

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En des temps ordinaires, il ne se passe pas grand chose lors des séances du conseil communautaire de la Communauté d’Agglomération Pau Béarn Pyrénées (CDAPP) qui regroupe 31 communes depuis 2017. Et pourtant, cette collectivité intervient avec des décisions qui touchent la vie quotidienne des 162 000 habitants de ce territoire. Quand je dis « il ne se passe pas grand chose », j’évoque un élargissement et un fonctionnement qui ne permettent pas l’exercice plein et entier d’une démocratie territoriale à la hauteur des enjeux. À l’origine composée de quatorze communes, cette collectivité a voulu s’élargir, dans un esprit de compétition avec les autres EPCI ( Loi NOTre), mais sans un débat approfondi sur un destin commun, sur une ambition partagée. Cela s’est fait à la hussarde. Il en fut de même pour la création du Pôle métropolitain Pays de Béarn avec six autres collectivités. Mais dans cette course folle, en totale déconnection avec les populations qui n’ont abolsument pas été associées à ce big bang territorial, il y a toujours plus gros. La Communauté Pays basque rassemble…Cent-cinquante-huit communes (312 000 habitants). Pour François Bayrou, il faudrait être un nouveau roi du Béarn pour conquérir de plus larges territoires. Il y songe…

Mais revenons à l’événement marquant du dernier conseil communautaire. Deux maires ont parlé. En temps ordinaires, tout se règle à l’échelle du bureau des maires. La « dépolitisation » des débats lors des conseils n’est pas, comme on faudrait le faire croire, un signe de « maturité » pour notre collectivité. Non, c’est même tout le contraire, comme on l’a vu lors de récents échanges sur l’augmentation des prix de la cantine. 

Jeudi dernier, deux maires ont parlé. D’abord celui de la commune de Gelos. Pascal Mora a dit, avec des mots justes, avec émotion, combien le présent est difficile et l’avenir incertain. Après les Gilets jaunes, les maires seront-ils la prochaine grosse secousse ? Le maire de Gelos parle des réalités fiscales, des effets de la crise sociale. Il pose une question essentielle : quelles nouvelles solidarités communautaires ? « Nous nous appauvrirons, nos administrés s’appauvrissent ». Dans la foulée, le maire de Jurançon, Michel Bernos, dit la réalité ainsi : « dans les trois mois qui vont venir, la construction budgétaire va être un vrai drame dans de nombreuses communes : qu’allons-nous faire, qu’allons-nous ne pas faire, qu’allons-nous ne plus pouvoir faire ? »

La ville d’Orthez, face à l’envolée tarifaire du gaz et de l’électricité (entre 1,2 et 1,6 millions d’euros en 2023 contre 540 000 en 2022), vient quant à elle de décider la fermeture de la piscine jusqu’au mois d’avril. Le chauffage va être coupé dans tous les gymnases, équipements sportifs et vestiaires. La mairie et des services (urbanisme, eau) seront fermés le vendredi. Avec aussi des restrictions d’ouvertures pour la médiathèque, l’école de musique.

Le bon roi Henri voulait « qu’il n’y ait si pauvre paysan en (son) royaume qu’il n’ait tous les dimanches sa poule au pot. » Aujourdhui, pour beaucoup de personnes, il faut choisir entre se chauffer ou se nourrir. Voilà où nous en sommes et cela ne tient à aucune fatalité mais aux conséquences de choix politiques et d’un système qui n’organise pas la régulation par le marché mais le désordre par la marchandisation de tout et la prévision de rien.

« Face au monde qui change, il vaut mieux penser le changement que changer le pansement. » Francis Blanche.


Image par Clker-Free-Vector-Images de Pixabay.

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