Vérité des vies

Samedi matin, pour la quatrième journée de mobilisation à Pau, nous avions un beau soleil et, de nouveau, une très large mobilisation contre la retraite à 64 ans. Comme à chaque fois, je suis très attentif aux mots sur les pancartes qui disent les maux de travail, mais aussi l’exigence d’un nouveau progrès humain. La vérité des vies est là, en Béarn et partout ailleurs dans le pays, elle est la plus belle des réponses aux mensonges si souvent répétés par les membres de l’exécutif. C’est aussi cela l’affrontement de classe qui se joue : le réel contre leur référentiel financier, dogmatique et usé.

Ils sont bien à la peine – mais cette pénibilité est appréciée ! – pour faire la « pédagogie » d’une réforme massivement rejetée par 7 Français sur 10 et 9 salariés sur 10. Avez-vous vu, ce week-end, la manière dont Olivier Véran et Olivier Dussopt ont tenté d’expliquer la pension dite « minimale », mais qui ne l’est définitivement pas, à 1200 euros ? On pourrait bien évidemment en rire tant ce duo multiplie les salto arrière avec des réceptions de moins en moins assurées mais il est question des vies les plus modestes, les plus précaires, au travail et à la retraite. Une double…peine.

Une question est aujourd’hui dans toutes les têtes : quelle issue ? Quelle perspective ? Politique et sociale. Pour quel avenir pour notre régime des retraites et, bien au-delà, pour notre société toute entière ? Je vois déjà deux enseignements au mouvement actuel qui portent loin.

D’abord, la force de l’unité. Celle de l’intersyndicale. Celle des cortèges dans les grandes et les petites villes. S’additionner sur l’essentiel en acceptant la diversité – et parfois même les différences – sur ce qui ne l’est pas vraiment. S’accorder sur les objectifs premiers et discuter des moyens pour les atteindre.

Et puis, autre enseignement, avec la question des retraites, c’est celle du travail qui fait irruption de manière spectaculaire, de son sens et de sa nature, de sa valeur et de sa soutenabilité , de ce qu’il peut ofrir en termes d’épanouissements ou imposer comme souffrances. Ce « 64 » a cristallisé beaucoup de choses et cela va compter pour la suite.

Samedi matin, toujours, j’ai eu un échange passionnant avec un médecin. Il avait proposé ce rendez-vous pour parler de l’actualité concernant la médecine de ville. On évoque le système de santé, avec un petit détour par l’Espagne où la situation est au point de rupture, les solutions pour répondre aux besoins. Entre ce médecin de famille, fils et petit- fils de médecins, ses patients et son territoire, un lien sensible et solide mais aussi des questionnements douloureux. Au détour d’une phrase, le médecin évoque les souffrances psychologiques post-Covid, les consultations pour soigner les corps et aussi, beaucoup, les âmes. Je parle des « 64 ans ». Le premier commentaire du généraliste évoque les effets du « management » dans le monde de l’entreprise. « Les gens ne peuvent plus tenir… »

La vérité des vies encore.

Photo https://twitter.com/Lylahahah.