L’Agence de sécurité sanitaire (Anses) a annoncé mardi l’obligation pour les agriculteurs utilisant l’herbicide prosulfocarbe de respecter une zone tampon d’au moins dix mètres et de diminuer les dosages après une nouvelle évaluation des risques ne pouvant exclure un dépassement des seuils de sécurité pour les enfants.
Le prosulfocarbe, autorisé depuis 1990 en France, est principalement utilisé sur les céréales (près d’un tiers des surfaces cultivées), les pommes de terre (plus des deux tiers) et sur certaines cultures légumières comme les carottes (plus de la moitié). Avec près de 6.500 tonnes en 2021, c’est la deuxième substance active herbicide la plus vendue dans le pays. L’Anses avait été saisie après des dépassements de limites maximales de résidus sur des cultures non traitées directement avec le prosulfocarbe, dont des pommes, et après un pic de concentration dans l’air ambiant en Nouvelle-Aquitaine.
Dans les deux cas, l’agence a conclu à l’absence de préoccupation sanitaire. Mais elle a engagé à une nouvelle évaluation des risques pour les riverains selon les évolutions méthodologiques les plus récentes. Conclusion: « l’Anses ne peut pas exclure, pour une exposition par voie cutanée principalement, le dépassement des seuils de sécurité pour des enfants se trouvant à moins de 10 mètres de distance de la culture lors des traitements », indique l’agence dans un communiqué.
L’Anses a donc décidé d’imposer de nouvelles conditions d’utilisation à partir du 1er novembre. Les agriculteurs devront utiliser du matériel permettant de réduire de 90% la quantité de gouttelettes transportées hors de la zone traitée par l’action des courants d’air pendant l’application et respecter une distance de sécurité de 10 mètres avec les zones d’habitation, contre 5 mètres auparavant.
S’ils ne peuvent pas utiliser le matériel le plus performant, la distance de sécurité passe à 20 mètres. Les doses maximales de prosulfocarbe autorisées à l’hectare ont parallèlement été réduites d’au moins 40%. L’Anses a par ailleurs demandé aux entreprises concernées de faire la preuve de l’efficacité de ces nouvelles conditions d’utilisation sur la sécurité des riverains, avec notamment des études en conditions réelles mesurant les dépôts sur des mannequins. Si l’agence estime que ces études ne sont pas probantes, elle retirera, « sans aucun délai » les autorisations de mise sur le marché.
Tout en saluant les mesures proposées, l’ONG Générations futures demande comment leur mise en place sera contrôlée et si la distance de 20 mètres « suffira à faire diminuer suffisamment l’exposition des riverains ». Dans la mesure où les nouvelles études demandées par l’Anses seront réalisées par les industriels eux-mêmes, « quelles garanties de leur impartialité pourrons-nous avoir? », s’interroge aussi l’ONG, qui demande le retrait du produit « le plus vite possible ». Au niveau européen, l’autorisation du prosulfocarbe a récemment été prolongée jusque fin janvier 2027.
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