L’ex-conservateur de la Réserve naturelle nationale de la forêt de la Massane, dans les Pyrénées-Orientales, est parti ce samedi 13 janvier à pied vers Paris pour demander l’« arrêt immédiat » des pesticides qui polluent même cette forêt classée par l’Unesco et en libre évolution, inexploitée par l’homme.
« La Massane est très résiliente, mais elle est agressée. Il faut que l’on arrive à arrêter les pesticides. C’est peut-être difficile pour les agriculteurs. Mais il suffit de les aider à passer à autre chose », a déclaré avant son départ Joseph Garrigue, 60 ans. Quelque 300 personnes étaient venues le soutenir sur son lieu de départ, la plage du Racou, à Argelès-sur-Mer.
Pour Joseph Garrigue, qui a démissionné de son poste de conservateur pour pouvoir marcher jusqu’à la capitale, c’est un « combat pour la vie ». Selon lui, « on ne tient pas compte des études sur la santé humaine ».
« Même dans la réserve, explique–t-il, on voit la nature disparaître. La Massane est en hauteur. Avec le vent, on prend toutes les molécules qui sont à 80% volatiles, l’ozone, les produits chimiques. On a une accumulation de toxiques ».
Créée en 1973 à Argelès-sur-Mer, sous l’impulsion des chercheurs de l’Observatoire océanologique de Banyuls-sur-Mer (plus connu sous le nom de « laboratoire Arago »), sous la tutelle de l’université de la Sorbonne et du CNRS (Centre national de la recherche scientifique), la Réserve naturelle nationale de la forêt de la Massane accueille des scientifiques invités à travailler sur la hêtraie et à en explorer les moindres recoins. Début 2018, l’état des lieux fourni par l’ATBI (All-taxa biodiversity inventory, inventaire exhaustif de la biodiversité en France et dans le monde, NDLR) classe la Massane parmi les sites les mieux connus à l’échelle internationale en termes de biodiversité.
En octobre dernier, dans l’entretien qu’il avait accordé à La Terre, le biologiste Gilles Boeuf, président de la Réserve naturelle nationale de la forêt de la Massane, alertait également : « Malgré le degré de protection dont elle bénéficie, malgré tout le soin qu’on lui apporte, la Massane est aussi menacée dans le cadre des changements locaux et globaux ».
Joseph Garrigue a quitté le Racou accompagné par quelques dizaines de manifestants devant marcher avec lui jusqu’à Saint-Cyprien, toujours dans les Pyrénées-Orientales, première étape de son périple de plusieurs centaines de kilomètres.
« On va suivre le littoral jusqu’à Sète et continuer jusqu’à Paris. On va faire 20 km par jour. On va alerter les populations, s’est engagé Joseph Garrigue. Il faut se bouger, si ce n’est pas pour nous, c’est pour nos enfants ».
Photo Clément Savel.
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