Nous ne sommes pas seulement à quelques jours, à quelques heures d’un scrutin électoral, mais à quelques jours, quelques heures d’un possible choc historique comme notre pays en a peu connu.
Nous ne voulons pas que ces élections législatives imprévues soient le premier acte d’une tragédie aux conséquences destructrices.
Il y a quelques jours, le président de la République vous a écrit une nouvelle lettre. Comme d’habitude, il promet pour demain ce qu’il n’a pas fait hier. Déjà, pour se faire réélire lors du second tour de l’élection présidentielle, n’avait-il pas hésité à reprendre un slogan de la gauche : « Vos vies valent mieux que leurs profits » ?
À deux reprises, il a demandé aux électrices et aux électeurs de gauche d’utiliser leur bulletin de vote pour barrer la route à l’extrême droite. Et, pour tout remerciement, il a déroulé le tapis rouge au RN/FN dont on rappellera sans cesse qu’il a été fondé par des membres de la Waffens-SS et abrite toujours des néo-nazis.
Elu puis réélu, E. Macron n’a jamais cherché à améliorer nos vies, au travail comme à la retraite. Au contraire, il a nourri les injustices sociales et territoriales, refusé d’augmenter la rémunération du travail, d’écouter le mouvement des Gilets jaunes, puis, contre tout un peuple, il a imposé la retraite à 64 ans. Il vous a désigné comme « ceux qui ne sont rien ». Par contre, pour les profits tout va bien. Un journal économique, porte-parole des milieux d’affaires, se réjouissait la semaine dernière que les profits dépassent les 163 milliards d’euros.
De cela, de ce mépris et de cette morgue, vous ne voulez plus. Nous non plus !
C’est pour vous sortir de cette situation qu’a été construite sous le nom de « Nouveau Front Populaire » une grande alliance des progressistes et des humanistes, partis de gauche, associations, syndicats, personnalités. Ce Nouveau Front Populaire propose des mesures pour changer votre vie dès les semaines qui viennent en réorientant vers vous l’argent qui coule aujourd’hui à flots chez la minorité de possédants, pour rémunérer votre travail, améliorer les retraites, les prestations sociales, défendre et renforcer l’hôpital et l’école, réduire vos factures d’énergie et faire en sorte qu’il soit moins cher de bien se nourrir.
Ce ne sont pas des promesses en l’air, mais des engagements à mettre en œuvre avec vous, sous votre contrôle, justement parce que c’est un « Front populaire » qui, comme son ainé de 1936, permettra des avancées grâce à vos actions unies.
Les grandes chaînes de télévision et de radio, propriétés des grandes puissances industrielles et financières, mènent une violente campagne de dénigrement et de mensonges contre ce Nouveau Front populaire. Comme s’ils avaient sorti de leurs cartons ce vieux mot d’ordre de la bourgeoisie : « Plutôt Hitler que le Front populaire ».
En mettant un trait d’égalité entre ce Nouveau Front Populaire et l’extrême droite, ou pire en faisant ouvertement campagne pour cette dernière, ils veulent transformer votre colère en un vote contre vos propres intérêts ! C’est abject. C’est surtout une manière grossière de préserver leurs propres intérêts et privilèges. Ils détournent donc l’attention des vraies causes de vos souffrances, de vos angoisses, de vos difficultés à boucler les fins de mois.
Ces forces s’accommoderaient très bien d’une cohabitation entre M. Macron et l’extrême droite. M. Macron aussi. Ils considèrent qu’ainsi leurs intérêts seront préservés. Ils ont raison, car l’extrême droite n’a aucune intention d’améliorer vos vies ou d’affronter les inégalités. Elle est l’assurance tout risque des milieux d’affaires et des puissances d’argent. Des économistes sérieux ont montré que le programme présenté par Bardella ferait perdre encore du pouvoir d’achat aux plus modestes et enrichirait les plus fortunés.
Là où elle gouverne, en Hongrie, en Italie, en Finlande, aux Pays-Bas, l’extrême droite n’augmente pas les salaires, ne défend ni les artisans et commerçants, ni les paysans. Elle détruit les droits sociaux, la Sécurité sociale, recule l’âge de départ en retraite, supprime comme en Hongrie le ministère de l’Éducation nationale et détruit le statut des enseignants pour en faire des « employés » de l’éducation, met au pas les médias et la justice, limite le droit des associations et des syndicats, refuse de mettre en œuvre des dispositions pour protéger le climat dont on voit ces jours derniers encore avec les violentes intempéries à quel point son dérèglement menace nos vies.
Et ici ? L’extrême droite n’est pas pour l’augmentation des petits salaires puisqu’elle a voté contre l’augmentation du SMIC au parlement. Elle veut, avec d’autres dont la droite, supprimer les cotisations sociales pour faire croire que cela augmenterait le pouvoir d’achat. En vérité, cela augmenterait les bénéfices des grosses entreprises et détruirait la Sécurité sociale. Sans Sécurité sociale, pas de retraites, pas de remboursements de soins, sauf à payer de coûteuses assurances privées. Vous seriez perdant et les grosses compagnies d’assurance feraient main basse sur près de 400 milliards d’euros.
L’extrême droite dit qu’elle est du côté des paysans. Pourquoi alors, a-t-elle refusé de voter à l’Assemblée nationale pour des prix minimum planchés afin de rémunérer correctement le travail paysan. Pourquoi alors a-t-elle soutenu la politique agricole commune qui distribue les aides d’abord aux plus grosses exploitations européennes ?
Elle ne défend pas votre pouvoir d’achat. Elle a voté contre le blocage des prix des produits de première nécessité, contre le gel des loyers, contre des moyens supplémentaires pour les hôpitaux, contre l’indemnisation des agriculteurs victimes de catastrophes naturelles. Par contre, elle a refusé de soutenir un texte pour la taxation des super profits.
Pour l’extrême droite, c’est toujours « l’autre » – en réalité votre semblable, lui aussi en difficulté – qui est responsable de votre sort. Mais en quoi réduire le RSA de votre voisin, enlever les allocations chômage de votre cousin licencié, améliorera votre propre sort. Ce n’est jamais en privant « l’autre » de droit vous en avez de nouveaux.
Non, celui qui aggrave la crise, la mal vie ce n’est pas celui d’à côté. Les vrais responsables de ce qui provoque votre colère, sont ceux qui, selon l’observatoire européen de la fiscalité, ont mis à l’abri 950 milliards d’euros dans les paradis fiscaux. De l’argent que vous avez contribué à créer et qu’on vous pille, dont on vous prive en supprimant des services publics. À eux les paradis fiscaux, à vous les augmentations d’impôts indirects comme la TVA ou les taxes sur l’énergie !
Autres chiffres : Les 500 plus grandes fortunes françaises cumulaient 200 milliards de patrimoines il y a dix ans. Elles en ont aujourd’hui 1200 milliards. Oui, mille deux cents milliards d’euros ! Si on les taxait à 2 %, cela rapporterait 40 milliards d’euros. Imaginons qu’une telle somme soit consacrée aux hôpitaux, à l’école, aux maisons de retraite, aux lignes de trains. Oui, cela changerait vos vies. De cela, l’extrême droite ne parle jamais, et pour cause !
On le voit bien, pour changer, pour améliorer vos vies, celle de votre famille, assurer l’avenir des enfants, c’est une autre répartition des richesses qu’il faut obtenir. Ni Macron, ni la droite, ni l’extrême droite ne le feront. Ils ne défendent pas vos intérêts, ni votre pouvoir d’achat, ni le travail, ni les services publics, ni la protection sociale, ni le climat, mais la haute finance et cette petite minorité de privilégiés.
C’est à ces enjeux que veut répondre rapidement la coalition du « Nouveau Front populaire ». Avec, dès les premières semaines, cet été et en automne l’augmentation des salaires, des pensions de retraite et des minima sociaux, des embauches pour les hôpitaux, les écoles et les collectivités locales, nos communes. Contrairement aux sornettes véhiculées par les grands médias, tout ceci est largement faisable en réorientant l’argent – qui va aujourd’hui aux grosses entreprises pour augmenter leurs profits – et en mettant à contribution le secteur bancaire.
Puis dans le cadre de la discussion du prochain budget, dès le mois d’octobre, le Nouveau Front populaire s’engage à réformer la fiscalité en cessant les cadeaux au grand patronat et aux grandes fortunes, en créant un pôle public bancaire pour financer un nouveau développement industriel et agricole créateur de millions d’emplois et respectueux de l’environnement, en augmentant et modulant les cotisations sociales patronales pour inciter à l’embauche, en mettant fin à la spoliation des artisans et des petites entreprises par les grands groupes qui les utilisent comme sous-traitants. Le programme du Nouveau Front populaire, c’est aussi l’instauration de prix agricole minimum rémunérateur, une cotisation sur les revenus financiers des entreprises et des grandes fortunes pour améliorer la Sécurité sociale et les retraites. Ces quelques mesures engageront le pays vers une autre logique de développement social et écologique avec vous, avec toutes les travailleuses et travailleurs, ouvriers, paysans, artisans, agents des services publics, techniciens, cadres, les privés de travail, les retraités, les jeunes.
Le Nouveau Front Populaire est une initiative large née du désir d’unité dans la société. Ce front veut vous impliquer dans des comités, des réunions, des débats et des actions. Il ne peut fonctionner qu’avec vous dans une démarche démocratique. C’est votre assurance. L’assurance du monde du travail et de la jeunesse pour éviter la catastrophe.
Le duo de cohabitation Macron-extrême droite ouvre la porte du pire. Alors que les barons de la macronie et une partie de la bourgeoisie lâchent le président de la République, on pourrait demain assister à un jeu dangereux dans lequel l’extrême droite, qui se verra refuser certaines lois parce qu’elles seront anticonstitutionnelles ou parce qu’elle sera sans majorité au parlement, demandera les pleins pouvoirs à l’occasion de la prochaine présidentielle. Dans un paysage politique délabré, pourrissant, agonisant tout deviendrait possible contre les citoyens, les associations, les syndicats.
Voilà pourquoi tout démocrate, toute personne attachée à la démocratie, au pluralisme et à la justice, à la fraternité et à l’égalité, tout républicain qui veut éviter la tragédie, peut utiliser dimanche le bulletin de vote des candidats du Front populaire. On peut comprendre qu’il puisse y avoir des critiques à l’encontre de certaines forces ou personnalités qui le composent. Mais que pèsent ces griefs face à l’urgence du moment ? N’est-il pas urgent de sortir de l’impasse et d’améliorer les vies de celles et ceux qui n’ont que leur travail ou leur retraite pour vivre ? C’est ce qu’ont compris des personnalités aux opinions très diverses, dont Dominique de Villepin. Dimanche, on vote pour un projet de liberté et de mieux vivre. On vote pour un programme de justice, de liberté, de paix. On vote pour sortir des ornières dans lequel nous a enfoncé le président de la République. Évitons la tragédie. Choisissons de prendre le chemin de l’espoir.
Vous devez être connecté pour publier un commentaire. Login