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Où sont les responsables ?

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Comme à chaque fois qu’ils sont en difficultés, les mandataires du capitalisme orientent les regards vers le doigt alors que le sage montre la Lune. Plus précisément, les responsables des souffrances paysannes, de l’usure des corps et de la terre, détournent malignement les colères. Tantôt les « normes », tantôt l’Institut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), tantôt l’Office français de la biodiversité (OFB), tantôt l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), sont les cibles de quelques fourches dans un brouhaha d’éructations garnies de sauce trumpiste. On assiste ainsi à une négation haineuse du travail des scientifiques, de celles et ceux qui protègent la nature, la santé et le travail paysan. 

C’est Édouard Philippe, Premier ministre en octobre 2019, qui a déployé les rayons aveuglants de ce concept fumeux forgé par les agences de communication de l’agro-industrie et baptisé « agribashing »

Au lieu de traiter les questions du revenu paysan et des conditions de travail, les pouvoirs successifs n’ont eu de cesse de se défausser de leurs lourdes responsabilités. Au lieu de libérer les travailleurs-paysans de l’obligation de productivisme, qui n’est que surexploitation du travail et de la nature, ils ont poussé la dérégulation des prix agricoles à la production. Au lieu d’accompagner une bifurcation agroécologique et humaniste, ils ont modifié la politique agricole commune (PAC) européenne pour jeter les petits et moyens producteurs dans le grand bain mondial de la concurrence barbare, dans laquelle ils se noient, les uns après les autres.

L’« agribashing » sert à tenter d’unir de manière corporatiste les paysans que la vulgate capitaliste mystifie en les qualifiant d’entrepreneurs agricoles. En fait d’entrepreneurs, ils sont des fantassins enserrés dans une terrible tenaille : d’un côté, les fournisseurs de matériels et de moyens de production, qui prélèvent leur dîme à des prix de plus en plus exorbitants ; de l’autre, les oligopoles qui achètent les produits agricoles au prix le plus bas possible. Ces groupes multinationaux ne sont pas des alliés des paysans et de la nature. Ce sont leurs exploiteurs directs. Il faut y ajouter les banques qui, mois après mois, prélèvent sous forme d’intérêts, l’impôt financier sur des dettes souscrites avant même les fruits de la première récolte. Voilà les cibles vers lesquelles manifester sa colère et ses revendications. 

C’est ce système qui, fondamentalement, refuse de tenir compte des urgentes nécessités de l’heure. Combiner la juste rémunération du travail paysan à l’arrêt de la destruction des véritables alliés naturels des paysans : les insectes pollinisateurs, les vers de terre et l’humus vivant, les oiseaux, l’eau potable. Tout ce vivant détruit par les firmes agrochimiques comme Bayer Monsanto qui réalisent des milliards de profits par la destruction de la santé paysanne et celle des sols et des animaux. Voilà encore d’autres lieux où demander des comptes.

Mais au fait ! Qu’est devenu l’engagement de M. Macron, président de la République, en bras de chemise dans les allées du salon de l’agriculture, pour la mise en place de prix planchers ? 

Comme toujours, avec les intégristes du business, les belles paroles ont disparu, sans effet, ici, dans les effluves du fumier politicien et les bouses de la compétitivité. Ceux-ci n’ont que faire des dos courbés sous le poids du travail, des larmes devant la souffrance des animaux malades et les champs noyés ou si secs, à cause des conséquences des modifications climatiques, qu’on ne peut faire les semis en temps et en heure. Ceux-ci n’ont que faire de ce désespoir qui pousse tant de travailleurs-paysans, dans la solitude et l’intimité des tourments, à mettre fin à leurs jours. 

Nous partageons les révoltes. Mais il ne faut pas se tromper de colère. Il faut s’extraire des rapports ambigus avec les vérités instituées des grandes firmes agrochimiques et leur porte-parole devenu porte-mensonges.

Le responsable du prix trop bas du lait n’est ni l’Inrae ni l’OFB, mais Lactalis qui détruit ici la production, les fermes et les territoires et pousse à l’approbation du traité avec le Mercosur, afin d’importer, sans droits de douane, le lait qu’il produira au Brésil grâce à cet accord scélérat. Les cours à la baisse des céréales ne sont pas décidés par la mutualité sociale agricole (MSA), mais par des marchés financiers qui spéculent à la bourse de Chicago. Voilà les responsables. Ils ont des noms et des adresses.

Par contre, ce sont bien des normes décidées avec les paysans qui protégeront la santé des travailleurs-paysans, des citoyens et de la nature. Quand ces normes auront disparu, nous n’aurons plus d’arguments pour rejeter ces traités de libre-échange favorables aux seules grandes firmes.

Où sont les responsables ? Dans les coulisses de l’exploitation capitaliste. C’est là qu’on manigance le refus fait au paysan de vivre de son travail et le droit à l’alimentation pour toutes et tous. Heureusement, un mouvement, loin des projecteurs des médias autorisés, agit pour changer les modes de production et de consommation et pour tourner le dos aux impasses des logiques dominantes actuelles. Un mouvement qui cherche à solidariser travailleurs et habitants des villes et des campagnes. Cette voie de l’unité est celle de l’efficacité.

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