L’INSEE vient de publier le compte prévisionnel de l’agriculture nationale de 2022. Selon l’institut, « en 2022, la production agricole en valeur progresse de 17,4 % dans un contexte mondial de renchérissement de l’énergie et des matières premières et agricoles. Les conditions météorologiques extrêmement chaudes et sèches de l’été ont fortement pénalisé les récoltes de céréales, protéagineux, betteraves et pommes de terre. La production de céréales diminue ainsi de 10,9 % en volume. En revanche, la production viticole s’accroît de 32,2 % en volume, bien que plusieurs vignobles aient été touchés par la chaleur ou par la grêle. Résultant de ces évolutions contraires et dominée par l’évolution des prix, la production végétale progresse légèrement en volume (+ 3,1 %), mais notablement en valeur (+ 18,6 %). La production animale s’élève de 17,3 % en valeur, l’augmentation des prix surcompensant la baisse des volumes. Les consommations intermédiaires augmentent de 12,4 % en valeur, en raison de l’envolée des prix de l’alimentation animale, des produits énergétiques et des engrais. Sous l’effet de la forte hausse de la valeur de la production, la valeur ajoutée de la branche agricole progresse toutefois de nouveau nettement. Au total, d’après les estimations du compte prévisionnel de l’agriculture, la valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif augmenterait de 16,4 % en termes réels, après 11,5 % en 2021. » Lire les données complètes de l’Insee
Une situation en trompe l’œil
Pour la Confédération Paysanne, ces comptes cachent une situation en trompe l’œil. Pour le syndicat, « il faut regarder ce qu’il y a derrière les chiffres avant de se réjouir trop vite. Tout d’abord, il nous faut redire que ces comptes sont agrégés et ne montrent absolument rien de la diversité de l’agriculture : taille des fermes, modes de production, circuits de commercialisation.
Ensuite, la question reste posée de la dépendance de l’agriculture française face à l’augmentation du prix des intrants qui est décalée dans le temps mais qui va inévitablement toucher les productions agricoles (augmentation de 78% du prix des engrais et des amendements, de 22% de l’aliment pour bétail et de 39% de l’énergie). Enfin, la question climatique pèse toujours fortement sur l’agriculture : si les conditions climatiques défavorables en 2022 ont été absorbées par la hausse des prix, il n’en sera pas toujours de même.
Autre problème, la répercussion de la hausse des prix agricoles aux consommateur·trices qui souffrent de l’inflation et dont les dépenses alimentaires sont souvent les premières victimes de la baisse du pouvoir d’achat. On l’a vu cette année, avec une diminution notable des achats en circuits courts ou sur des produits de qualité. » Lire le communiqué de la Confédération paysanne.
Le ministre de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire, sans surprise, s’est félicité des « bons résultats de l’agriculture, marqués par des productions agricoles en hausse, une amélioration de la rentabilité des exploitations et de la profitabilité de l’activité agricole (qui) témoignent du dynamisme de la ferme France. » Lire le communiqué du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire
Sébastien Windsor, président de Chambres d’agriculture France confirment qu’au « regard de ses résultats, les Chambres d’agriculture poursuivront leur politique d’accompagnement des exploitations pour garantir leur pérennité. De plus, s’il y a bien un rattrapage de la valeur ajoutée, il est important que les agriculteurs puissent se projeter dans l’avenir et investir pour passer le cap des transitions économiques et énergétiques. » Lire le communiqué de Chambres d’Agriculture France.