« Vu du Béarn », la chronique d’Olivier Dartigolles. De retour à Pau, je m’aperçois très souvent qu’un fil vient relier des événements qui, a priori, ne sont pas associés.
De retour en Béarn, laissez-moi vous parler des souvenirs des responsables du planning familial de Pau, créé en 1966, qui, l’année dernière a accueilli plus de 1800 personnes dont 166 pour une consultation concernant un IVG. Dans « La République des Pyrénées » (03/07), elles racontent les années d’avant la loi Veil. « Les femmes frappaient à la porte de tous les médecins qui refusaient pour ne pas prendre de risque ».
Une clinique, à Lourdes, pratiquait l’avortement mais il fallait avoir des réseaux et les moyens financiers . Le temps d’avant, c’était aussi l’organisation de déplacements en bus pour l’Angleterre. Le temps aussi des « aiguilles à tricoter, des baleines de parapluies, des tiges de persil ». Le temps où, chaque année, 5000 femmes perdaient la vie pour cause d’hémorragie. Et aujourd’hui ? Dans le monde, toutes les neuf minutes, une femme meurt lors d’un avortement clandestin. Après l’onde de choc venue des Etats-Unis, face aux forces les plus obscurantistes, et alors que de nouvelles digues ont craqué cette semaine face à l’extrême-droite, on ne dira jamais assez combien le droit à l’IVG reste un marqueur essentiel. Les droits des femmes sont un puissant révélateur pour dire la société que nous sommes. Celle qui vient.
En parcourant les pages de la presse locale, une photo prise en vallée d’Aspe accroche mon regard. On y voit une colombe de la paix dessinée sur un vallon en Osse-en-Aspe. En début de semaine, les faucheurs de fougères sont passés à l’action. Un travail qui demande un très gros effort physique. Les faucheurs volontaires de la paix, accompagnés par quatre communes, seront dans quelques jours les artisans de cinq colombes. Les brins d’oliviers s’envoleront de nos montagnes béarnaises vers l’Ukraine et tous les théâtres de guerre et de désolation.
Alors quel fil entre les fougères d’Aspe et le planning familial palois ? En ces temps troubles et dangereux, tout ce qui peut dire et agir pour rappeler combien nous sommes une « civilisation » est très précieux. Comme l’observait récemment Jean-Claude Guillebaud (Sud Ouest Dimanche du 26/06). « Ce que nous appelons civilisation sur la durée est un pari humain toujours magnifique mais extraordinairement difficile, c’est exactement ce qui fait son prix ».
Oui, magnifique et difficile. Et paradoxalement, un haut niveau d’ambition pour notre société, pour de nouveaux droits et du progrès réel, pour l’homme, la nature et la biodiversité, est une condition essentielle pour rendre les choses plus…faciles !
Photo République des Pyrénées.
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