Connect with us

Bonjour, que recherchez-vous ?

Au cœur d'une région

Elles, les « essentielles »

FacebookTwitter

« Vu du Béarn », la chronique d’Olivier Dartigolles. Elles sont auxiliaires de vie. Aides-soignantes. Éducatrices spécialisées. Assistantes maternelles. Aides à domicile. Elles travaillent auprès de nos anciens, à domicile ou en Ehpad. Auprès de nos enfants. Auprès des plus fragiles. Il a été question d’elles lors de la crise sanitaire quand il a fallu établir deux colonnes dans les différents métiers et secteurs d’activité : ceux où l’on pouvait « télétravailler » et ceux où on ne le pouvait pas. Ou quand le « présentiel » (quelle horreur…) est essentiel. 

En France, aujourd’hui, trois millions de femmes, salariées ou indépendantes, travaillent dans les soins et les liens, soit une active sur quatre. Comment nos sociétés ont-elles pu, à ce point, rendre quasi-invisible ces deux mots. D’en perdre le sens et d’oublier les « travailleuses essentielles ». Lors du Covid, il y a eu des hommages. Puis après des promesses. Et aujourd’hui, de nouveau, un manque de considération qui passe par le salaire, les conditions de travail, la juste reconnaissance des missions accomplies pour les soins et les liens humains. 

À Pau, dans le cadre de mes engagements, de mon activité d’élu, ou lors de moments de vie personnelle – comme tout un chacun -, j’ai pu approcher ces « essentielles ». On conserve alors le souvenir d’un prénom. D’un visage. Et surtout d’une compétence professionnelle, d’une attention tendue vers un objectif alors que tant de choses dysfonctionnent autour d’elles. J’ai aussi vu la fatigue, les doutes, la perte de sens qui est l’un des drames actuels dans le travail. 

À chaque fois que l’occasion se présente, j’aime échanger avec elles. Pour mieux connaître l’évolution des conditions de travail, les difficultés mais aussi les réussites. Vendredi, en fin de matinée, j’ai reçu un mail d’une salariée dans le secteur sanitaire. Elle me demande d’abord de ne pas parler d’elle publiquement. La crainte d’une sanction hiérarchique. Mais « que son témoignage peut m’être utile pour les interventions à la télé ». Pour résumer les trente lignes de ce message, je ne dirai qu’une chose : elle n’a plus l’énergie nécessaire pour continuer. Sans savoir que faire… « J’ai 48 ans, c’est long encore ».

À l’heure où une nouvelle réforme des retraites (que de commentaires sur la méthode et le calendrier… Alors qu’il faudrait parler du contenu et poser les enjeux de société) se profile, avec le danger d’un recul de l’âge légal du départ et d’un allongement de la durée de cotisations, il faut dire haut et fort que les femmes des « métiers essentiels » seraient sur la première ligne des salariés les plus exposées à cette réforme inhumaine car prolongeant le travail jusqu’à l’épuisement des corps et des âmes. Les plus belles années à la retraite ne sont-elles pas celles en bonne santé pour profiter des bonheurs de la vie ? 

Si elles sont « essentielles » alors il est essentiel d’agir. La France populaire a tant besoin de perspectives positives, de réformes allant dans le sens du progrès social et humain. Nous savons combien, sur ce terrain de « l’avenir », d’une « espérance », la confrontation se joue désormais face au pire. Et eux, ils avancent…

À noter la sortie du livre, magnifique, de Vincent Jarousseau, « Les femmes du lien », éditions Les Arènes. Un texte et des photos qui disent l’essentiel de ces vies.


Image by Engin Akyurt from Pixabay.

Laissez-nous un commentaire

Cliquez pour commenter

Vous devez être connecté pour publier un commentaire. Login

Leave a Reply