En feuilletant un journal ce week-end, je vois une photo d’un comité local du Secours populaire français. Je reconnais deux visages, vieux copains de toutes les luttes en Béarn, des nombreuses solidarités actives, des rendez-vous progressistes et humanistes, au cours des dernières décennies en Béarn. Sur cette photo figure une nette majorité de visages féminins. De toutes les générations. Je l’ai déjà écrit dans une précédente chronique consacrée aux métiers du lien et du soin : les femmes sont « essentielles ».
11 millions de femmes vivent dans les territoires ruraux, soit une femme sur trois. En 2021, la Délégation des droits des femmes au Sénat avait présenté un rapport d’information intitulé « Femmes et ruralités : en finir avec les zones blanches de l’égalité » avec des constats et des préconisations. À la lecture de ce rapport, il me semble que les difficultés et les obstacles que rencontrent les femmes en milieu rural, se sont aggravées et que les solutions restent confinées à des territoires qui agissent. Sera-t-il possible un jour de mettre véritablement en partage les possibles et les réussites qui éclosent localement pour en faire de belles politiques publiques au niveau national ?
Reste que rien ne sera véritablement « possible » sans des choix politiques qui ne peuvent se situer dans la continuité de ce qui a échoué. C’est le cas pour les transports et les mobilités. Pour leur vie professionnelle et personnelle, les femmes ont besoin d’une offre de transport répondant à leurs besoins, en développant les transports publics réguliers ou à la demande. Il en va de même pour la garde des jeunes enfants, puis pour leur scolarisation. Il s’agit aussi d’ouvrir les champ des formations, ne plus accepter que les opportunités soient plus limitées et moins diversifiées. Encore aujourd’hui, pour les femmes en milieu rural, combien ont à choisir entre partir pour « réussir sa vie professionnelle » et rester pour soutenir leur famille, leur territoire ?
Quant à la santé, pour les femmes en ruralité, elle demeure un défi à tous les âges de la vie. Le déficit en offre de soin est particulièrement préjudiciable pour la santé des femmes. C’est le cas pour la prévention et le dépistage. Pour accoucher en sécurité et dans de bonnes conditions.
Concernant les violences conjugales, voilà une autre urgence qui est frappée d’invisibilité dans le débat public. La moitié des féminicides se situent en milieu rural et l’on constate toujours une sous-représentation des femmes vivant dans les territoires ruraux, dans la sollicitation des dispositifs d’aide et d’accompagnement.
La situation des femmes dans les territoires ruraux mériterait un examen approfondi, dans le prolongement du travail parlementaire, et des politiques publiques répondant aux besoins et permettant une véritable valorisation de ce qui constitue un gisement de richesse sociale.
Souvenirs d’enfance : mon arrière-grand-mère avait réfléchi et réalisé un système d’irrigation pour acheminer l’eau d’une source, située dans une pièce de vigne éloignée, jusqu’à la maison. Un jour, un ingénieur des « Eaux et Forêts », découvrant ce système ingénieux, avait voulu la féliciter. Un vrai « Manon des sources » en Sud-Gironde.
Image par Martina Bulková de Pixabay.