Lundi dernier à Pau, la température a culminé à 38,9 degrés. Un nouveau record. Il n’avait pas fait aussi chaud depuis 50 ans. Un soleil à la verticale. Un air épais. Si les projections pour cette année se confirment, les huit années de 2015 à 2022 seront les plus chaudes jamais enregistrées, selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM) dans un rapport faisant la « chronique du chaos climatique ». En Europe, le climat se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne planétaire. « Alors que la COP 27 commence, notre planète envoie un signal de détresse », a commenté Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, dans un message vidéo diffusé à Charm el-Cheikh. Cette « chronique du chaos climatique » montre « tellement clairement que le changement se produit à une vitesse catastrophique, dévastant les vies sur tous les continents », a-t-il ajouté, appelant à y répondre par des « actions ambitieuses et crédibles » pendant les deux semaines de cette conférence sur le climat en Égypte.
Écoutons les scientifiques qui ne cessent de décrire ce réchauffement galopant. « Nous savons que certains de ces désastres, les inondations et la chaleur au Pakistan, les inondations et les cyclones dans le sud de l’Afrique, l’ouragan Ian, les canicules extrêmes et la sécheresse en Europe n’auraient pas été aussi graves sans le changement climatique », a commenté Friederike Otto, climatologue à l’Imperial College de Londres. « S’il y a bien une année où il faut réduire en lambeau et brûler les œillères qui empêchent l’action climatique, c’est celle-là », a ajouté Dave Reay, de l’Université d’Edimbourg.
Pour cette COP 27, le financement des dégâts sera pour la première fois officiellement au menu des discussions. Autre dossier brûlant: éviter une « reculade » sur les engagements de réduction des émissions, déjà insuffisants. Seuls 29 pays ont déposé depuis la COP de 2021 des plans de réductions rehaussés, alors même qu’ils avaient adopté un « pacte » les appelant à le faire.
Rapports après rapports, alertes après alertes, une réalité est aujourd’hui absolument incontournable : le capitalisme n’est pas compatible avec la lutte contre le réchauffement climatique. La solution n’est pas un « virage vert » du système économique actuel mais bel et bien une rupture pour d’autres objectifs associant les enjeux climatiques et sociaux. On réduira d’autant plus le réchauffement climatique que nous réduirons les inégalités sociales.
Avec quel point d’appui ? Il existe aujourd’hui une majorité de citoyens qui ont une conscience aiguë des conséquences du chaos climatique et de l’urgence sociale. C’est particulièrement le cas pour la jeune génération. Certes, les opérations de diversion, allant parfois au pire, sont nombreuses mais il existe un formidable gisement d’engagements populaires et citoyens pour le débat et l’action. Penser pour mieux agir.
Image par Bela Geletneky de Pixabay.