« Vu du Béarn », la chronique d’Olivier Dartigolles. « Sans coopération mondiale, la pandémie risque de perdurer » vient de déclarer le groupe d’experts composant une commission créée par la revue scientifique « The Lancet ». Ils dénoncent la manière dont le monde (les organisations internationales et les gouvernements) a fait face à la pandémie (Lire l’article – en anglais – sur le site de « The Lancet »). Pour Jeffrey Sachs, président de cette commission et professeur à l’Université Columbia, « le bilan faramineux des décès au cours des deux premières années de la pandémie de Covid-19 est une profonde tragédie et un échec de société massif sur plusieurs plans ». La commission a travaillé plus de deux ans pour étudier précisément les différentes réponses à la pandémie et à la crise sanitaire avec différents angles (politique publique, gouvernance internationale, épidémiologie, vaccinologie, économie, finance internationale, santé mentale).
La conclusion est sans appel, elle pointe un échec collectif mondial dans la manière face à la pandémie. « Trop de gouvernements n’ont pas respecté les normes fondamentales de rationalité et de transparence institutionnelles ; trop de personnes ont protesté contre les mesures de base en matière de santé publique, souvent influencées par la désinformation ; trop de nations ont échoué à promouvoir une collaboration mondiale pour maîtriser la pandémie ». L’OMS, mise sous pression, notamment par Trump, n’a pas été à la hauteur.
Avec quelles conséquences ? Des millions de décès auraient pu être évités indique le rapport de la commission qui se base sur les données de l’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME). Selon ce dernier, si officiellement au 31 mai dernier pas moins de 6,9 millions de décès avaient été enregistrés officiellement, le nombre réel de morts serait au moins deux fois plus élevé.
Cette enquête avance aussi des préconisations et des propositions concrètes : une « stratégie vaccinale » avec une vaccination de masse, un encouragement au port du masque, un accompagnement des covid longs et un soutien aux pays les moins favorisés pour accéder aux vaccins. Et enfin ceci, après avoir indiqué que « nous sommes encore loin d’être prêts pour les futures pandémies », les membres de la commission en appellent à un renforcement des instances mondiales de santé publique et à l’instauration d’un fonds mondial de 60 milliards de dollars par an pour financer des équipements permettant le contrôles des maladies et des pandémies, au renforcement du multilatéralisme, alors « que la coopération entre les gouvernements a été minée par la rancoeur entre grandes puissances ».
« Faire monde plutôt que de se replier chacun sur soi ». Vous me voyez venir… Oui, c’est un appel aux « communs » face à la prédation du capitalisme. Plus je lis l’actualité des derniers jours, des derniers mois, plus cette recherche de communs élargis et sous contrôle des citoyens s’impose comme une perspective d’avenir pour l’ensemble du vivant, pour les hommes et la nature. Il nous faut à la fois les penser et les mettre en œuvre. Les communs dans toutes les dimensions de la vie. De la naissance aux derniers moments. Tout le reste est une perte de temps et d’énergie. Et le fait de baisser la clim (mais qui a la clim chez lui, c’est quoi cette histoire… ) est une diversion. Ne nous laissons pas distraire.
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