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Nous sommes ici devant un cas d’école. Le 22 novembre 2024, deux jeunes militants des Soulèvements de la Terre, Léna Lazare et Basile Dutertre, étaient traînés devant le tribunal judiciaire de Paris. Pour quelle raison ? Ils ne se sont pas présentés en 2023 devant la commission d’enquête parlementaire créée après la manifestation contre les mégabassines de Sainte-Soline. 

Les peines requises sont ahurissantes : deux mois de prison avec sursis, 1 500 euros d’amende ainsi qu’un an d’interdiction de droits civiques contre Léna Lazare ; quatre mois de prison avec sursis, 3 000 euros d’amende et deux ans d’interdiction de droits civiques contre Basile Dutertre.

Cette poursuite et ces condamnations constituent une première et une originalité à plusieurs titres. Ces deux militants sont les premières personnes, sous la VRépublique, poursuivies pour ne pas s’être présentées devant une commission d’enquête parlementaire. Par ailleurs, c’est la première fois depuis 1945 qu’une association est convoquée devant une commission d’enquête pour répondre de l’organisation d’une manifestation. Pourquoi avoir choisi ces deux militants au sein d’une manifestation de plusieurs milliers de personnes ?

Enfin, une commission d’enquête parlementaire n’a pas le pouvoir d’auditionner des militants politiques ou associatifs alors qu’un procès est en cours ; ce qui était le cas au tribunal de Niort dans les Deux-Sèvres où Basile Dutertre et huit autres militants étaient appelés à comparaître. À l’évidence, le principe de séparation des pouvoirs est jeté par-dessus bord.

On sait que l’objectif essentiel de cette commission d’enquête visait à mettre sur le dos des Soulèvements de la Terre les incidents et les violences survenues lors de la manifestation du 25 mars 2023. Rappelons que 200 manifestantes et manifestants y ont été blessés, dont 40 gravement. Deux activistes se sont retrouvés dans le coma.

Il est intéressant de se remémorer les paroles « fortes » du ministre de l’Intérieur de l’époque, M. Darmanin. Devant la commission d’enquête, sous serment, il n’a pas hésité à prétendre que « les gendarmes n’avaient pas bougé de leur ligne », alors que tout le monde a vu le contraire. Ce même Darmanin avait bien prévu quelque chose, car trois jours avant la manifestation, il déclarait qu’il y aurait « des images difficiles ». Répondra-t-il de ses mensonges ? Du reste, il ne serait pas le seul « puissant » à avoir menti devant une commission d’enquête parlementaire ces dernières années.

Souvenons-nous des Alexandre Benalla, Vincent Bolloré ou Marlène Schiappa : toujours ce « deux poids, deux mesures », selon que vous serez puissant ou misérable ! C’est le président de la commission d’enquête, M. Hetzel, député Les Républicains du Bas-Rhin devenu par la suite ministre de l’Enseignement supérieur du gouvernement Barnier, qui a été chargé d’exécuter ces basses œuvres contre des jeunes qui défendent l’intérêt général. 

Ce sont ces raisons qui ont conduit Léna et Basile à ne pas se rendre devant la commission d’enquête parlementaire, tout en répondant à ses questions par écrit.

Ce qui se cache derrière l’activisme de cette commission est l’intention de produire une nouvelle loi anticasseurs instaurant la notion de « provocation à la violence implicite », fondée sur la logique « d’ennemi intérieur », dans le droit fil des lois sur « le séparatisme » et sur l’« apologie du terrorisme »

Pourtant cette jeunesse qui agit pour le climat et la préservation de l’eau ne mène-t-elle pas un combat d’intérêt général ?


Image : Copie d’écran Quotidien

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