Retour en arrière. On vient de redécouvrir que les haies avaient leur utilité. En quelques décennies, les deux tiers avaient déserté notre territoire – notamment en Bretagne. Le remembrement des années 1970 eut sa responsabilité dans cette affaire, on s’en doute. Tiens, le passé nous fait signe ! Le gouvernement a décidé de replanter rien moins que 7 000 kilomètres de haies en deux ans. Le but ? Sauvegarder la biodiversité, offrir un garde-manger à la faune et pas seulement… Les yeux se dessillent devant l’évidence.
Il y a peu encore, la productivité agricole avait raison de ces haies. D’une certaine façon, elle avait tranché. La mécanisation leur était fatale, le tracteur leur ennemi. Le rendement signait leur arrêt de mort. Et voilà qu’on s’aperçoit aujourd’hui de leurs bienfaits. Bravo. Les insectes et les oiseaux vont revenir. Le paysage va se re-modifier. L’érosion se limiter. Changement de cap : on replante. Il fallait faire évoluer les mentalités, car, en vérité, c’est de cela qu’il s’agit. Et les jeunes agriculteurs s’y emploient. Ils n’ont, pour certains, pas attendu le gouvernement. Les lois du volume n’ont pas fait long feu face à leurs attentes écologiques. Ils ont à cœur de privilégier la qualité. Les éleveurs veulent donner de l’ombre à leurs vaches, les protéger du vent et créer des microclimats dans les parcelles. La haie est à l’honneur.
On doit se féliciter de ce revirement.
Dans le Tarn-et-Garonne, depuis 25 ans, l’association Campagnes Vivantes 82, à l’instar des milieux cynégétiques et naturalistes, avait alerté. Elle avait largement œuvré, arguant que le système racinaire des arbres structurait le sol et, par conséquent, évitait les glissements de talus. On voit chaque hiver l’importance de limiter le ruissellement des eaux. En Charente-Maritime, des chantiers participatifs se succèdent. Partout, sur le territoire, on agit.
Ce qui est troublant, c’est qu’il ait fallu attendre si longtemps pour que le gouvernement prenne de vraies mesures et mette la main à la poche. L’équilibre écologique serait-il devenu, subitement, l’une de ses préoccupations ? On veut le croire.