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La Terre de Lula et de Pesquet

De Pau, alors que la ville était endormie après une nouvelle journée de cet été indien 2022 et ses nouveaux records de température dans le Sud-Ouest, des portables et ordinateurs attendent l’annonce du résultat de l’élection présidentielle au Brésil. Avec inquiétude, après avoir constaté que des forces de police sont intervenues, dans la journée, dans des quartiers populaires acquis à Lula, pour entraver les opérations de vote. Et puis, la clameur populaire est montée de l’avenue Paulista ! Lula ! Lula ! 

À l’heure où ces lignes sont rédigées, Bolsonaro ne s’est pas encore exprimé. On sait que pour l’extrême-droite, la tentation du coup de force contre la démocratie, au Brésil comme ailleurs, est possible. Comment les Bolsonaristes, avec le président sortant qui va encore diriger le pays dans les deux prochains mois, vont-ils réagir ? Ils ont aujourd’hui face à eux l’irrésistible espoir de ce retour de Luis Inacio Lula Da Silva, qui, dans son discours de victoire, a dit combien le Brésil avait « besoin de paix et d’unité ».

« Un Brésil égalitaire, un Brésil pour tous » avec un primaire engagement prioritaire, « éliminer à nouveau la faim alors que 33 millions de brésiliens sont en insécurité alimentaire ». À quelques jours de l’ouverture de la 27ème conférence de l’ONU sur le climat, Lula annonce que son pays veut retrouver « son leadership dans la lutte contre la crise climatique » tant que Brésil et la planète ont besoin d’une « Amazonie en vie » après la tragique accélération de la déforestation de la plus grande forêt tropicale au monde sous le mandat de Bolsonaro. 

De Pau, en levant les yeux au ciel, on pense à ceux de Thomas Pesquet lors de son second séjour en orbite d’avril à novembre 2021. Dans un livre publié cette semaine, « La Terre entre nos mains » (éditions Flammarion, les droits d’auteur seront reversés aux Resto du cœur), le spationaute français a sélectionné 300 clichés pris depuis la Station Spatiale Internationale (ISS). On y retrouve la grande beauté de la Terre, comme ces aurores boréales bleutées, et le « sinistre spectacle » du dérèglement climatique, des tornades et des ouragans, des grands incendies avec des « régions entières englouties par ces feux impressionnants ». 

Alors que les forces réactionnaires se montrent de plus en plus menaçantes (ne sous-estimons pas, en France, ce qui s’installe peu à peu dans le paysage politique et au sein de la société), les victoires progressistes, comme hier soir au Brésil, comme les alertes pour la Terre et le vivant, comme ce beau livre de Pesquet, sont les deux faces d’une même réalité : notre avenir.

Et l’espoir qui doit grandir dans une véritable course contre la montre. Pour Frantz Fanon, « chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, l’accomplir ou la trahir ». Ce matin, vu du Brésil ou de l’ISS, on y voit clair pour agir.


Image par WikiImages de Pixabay.

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