L’éditorial de Patrick Le Hyaric, le 12 juillet 2022. L’autre matin, le nouveau ministre de l’agriculture M. Marc Fesneau officiait sur la radio publique. Maintes fois, il a répété pour s’en vanter qu’à l’intitulé de son ministère ont été rajoutés les mots « souveraineté alimentaire » Cela n’en a même pas le goût, ni la couleur. Belle tromperie !
En effet, pourquoi n’a-t-il pas expliqué aux auditeurs que la Commission européenne venait de conclure un « traité de libre-échange » avec la Nouvelle-Zélande, le 30 juin dernier, soit le dernier jour de la présidence française du conseil de l’Union européenne.
Cet accord prévoit l’importation de 10 000 tonnes de viande bovine et 38 000 tonnes supplémentaires de viande ovine sans taxes, ni droit de douane. Cette quantité va s’ajouter aux 228 000 tonnes que l’Europe importe déjà depuis 1990.
Les éleveurs ovins ont été à l’époque la monnaie d’échange de l’extravagante opération de l’armée française contre le Rainbow Warrior. Cette fois, il s’agit de rester en bon terme avec la Nouvelle-Zélande pour être autorisé à maintenir un ancrage de l’Union européenne dans la zone indopacifique alors que l’Australie a humilié notre pays en rompant un achat de sous-marins au profit de sous-marins nucléaires américains.
Les paysans sont une nouvelle fois sacrifiés sur l’autel des grandes manœuvres des puissants de ce monde. Il n’y a ici aucune manifestation de la souveraineté. Tout au contraire !
Cet accord va amplifier la destruction de notre élevage ovin déjà passablement affaibli. Ajoutons que les leçons gouvernementales sur l’environnement en prennent un sérieux coup. Pour venir jusqu’ici, l’agneau néo-zélandais effectue un périple de 22 000 kilomètres en bateau conservé à 2 degrés dans l’azote liquide. Et il est vendu à Pâques comme de l’agneau frais. L’absence de normes sociales en Nouvelle-Zélande, l’abaissement des contraintes environnementales, ajoutée à la suppression des taxes à l’importation, aboutissent à un prix moyen de 9,80 € quand l’agneau Français sort à environ 15€. Totalement révoltant !
Il est prévu que la Nouvelle Zélande, pays de 5 millions d’habitants, va pouvoir exporter pour plus de un milliard d’euros vers l’Europe jusqu’en 2035. Les droits de douane sur les kiwis viennent aussi d’être supprimés. Les beaux discours des campagnes électorales sur les « circuits courts » la « relocalisation des productions » la « qualité alimentaire » ne sont que de mauvais gargarismes pour ceux qui les prononcent.
Cela risque de ne pas en rester là, puisqu’un accord de libres échanges avec l’Australie est également en cours de discussion depuis plusieurs années. Les mots « souveraineté alimentaire » restent bien des gadgets et une farce pour nos gouvernants.
Image par Rudy and Peter Skitterians de Pixabay.
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