L’éditorial de Patrick Le Hyaric. Nous nous sommes habitués à son petit logo de différentes couleurs sur les emballages alimentaires. C’est le nutri-score. Il indique la qualité nutritionnelle des aliments que nous choisissons. Ce petit indicateur qui note les produits alimentaires du A en vert foncé pour la meilleure qualité au E orange signifiant une qualité moindre, a été adopté par décret interministériel le 31 octobre 2017, sur la base d’un long travail d’équipes de recherche publique appuyé par des acteurs de la santé et des associations de consommateurs. Son efficacité pour la santé publique est désormais reconnue.
Après un long bras de fer avec le complexe agro-industriel, huit-cents marques se sont finalement engagées à l’afficher. Un certain nombre de groupes alimentaires s’y refusent. C’est le cas notamment de Coca-Cola, Ferrero, Lactalis, Kraft. Elles peuvent se le permettre car cet affichage est basé sur le volontariat. La réglementation européenne en vigueur jusque-là empêchent les États membres de l’union européenne de rendre obligatoire un tel logo portant sur la qualité nutritionnelle des aliments. Mais les choses peuvent changer. En effet, dans le nouveau programme de la commission européenne baptisé « Farm to fork », il est envisagé la mise en place d’un logo unique et obligatoire portant sur les qualités nutritionnelles des aliments d’ici la fin de cette année.
Un tel projet met en rage les grandes firmes agro-industrielles qui font pression à tous les étages des institutions européennes pour que ce projet ne voit pas le jour. Autrement dit, elles refusent que le consommateur soit informé de ce qu’il mange réellement. Or, la qualité alimentaire joue un rôle décisif pour la santé. Il est donc temps que le consommateur-citoyen puisse connaître la composition nutritionnelle des aliments de telle sorte qu’il puisse choisir en connaissance de cause. Ce nutri-score devrait d’ailleurs être affiché sur les supports publicitaires vantant tels ou tel produits comme sur les sites de commerces électroniques, ou la distribution automatique. Les pratiques commerciales trompeuses devraient être lourdement sanctionnées. La santé, de toutes et de tous, est bien plus importante que les taux de rentabilité des firmes agroalimentaires profitant des aliments que l’on mange. Notre mobilisation est nécessaire.