« Vu du Béarn », la chronique d’Olivier Dartigolles. Nous venons de vivre un été marqué par les conséquences du réchauffement climatique. L’extraordinaire devient l’ordinaire. Un réchauffement de la planète au-delà de 1,5°C, objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris, pourrait déclencher plusieurs « points de basculement » climatiques qui engendreraient de catastrophiques réactions en chaîne, selon une étude publiée dans la revue Science. Un compte à rebours est enclenché. Des questions vertigineuses sont inscrites à l’agenda. Il faut bifurquer, changer radicalement. Cela doit aussi s’appliquer à l’aménagement urbain. Nous avons tous à l’esprit des réalisations qui n’ont pas intégrées les impacts climatiques et environnementaux. C’est souvent le cas dans la minéralisation des places publiques transformées en îlots urbains de chaleur.
A Pau, après l’abattage des marronniers de la place de la Monnaie, la municipalité Bayrou s’attaque aux arbres d’une autre place paloise. À Gramont, le dimanche matin, j’ai l’habitude de retrouver l’ambiance très particulière de ce quartier palois, entre le château et la place de Verdun. Ici, on y croise les fidèles du bouquiniste, l’ami J.B. Camblong, les commerçants, le café avec la presse du jour. Et les douze magnolias. Superbes. Ils sont une partie essentielle de l’identité de la place Gramont. Par delà notre attachement à ces arbres, comment François Bayrou peut agir aujourd’hui, après un été marqué par de tels bouleversements climatiques, comme si de rien n’était. Dans les villes, le maintien et le développement d’îlots de fraîcheur doit être systématiquement réfléchi et mis en œuvre. On va nous répondre que d’autres arbres seront plantés ailleurs. On connaît la chanson, regarder ceux devant le nouveau complexe de la République. Comme me l’a indiqué dernièrement un commerçant des Halles, nous aurons de l’ombre dans 10 ans mais d’ici là, on va cramer ».
Face à cette décision d’un autre temps, d’un autre monde, prise sans la moindre concertation avec les habitants et les usagers de la place Gramont, la mobilisation citoyenne pour sauver les magnolias s’organise, avec notamment une pétition en ligne, des échanges avec la population.
A Orléans, la mobilisation citoyenne vient d’enregistrer une belle victoire. Neuf tilleuls centenaires de la place Domrémy étaient en effet voués à l’abattage. Une décision déconcertante prise par la municipalité LR en pleine canicule, alors que tout le monde s’accorde à reconnaître les vertus de ces îlots urbains de fraîcheur. Grâce à l’intervention des habitants du quartier, Serge Grouard, le maire de la ville, vient d’annoncer l’abandon de son projet, imposé sans concertation. Il s’est engagé à conserver la plupart des arbres et à proposer un nouveau schéma d’aménagement courant janvier 2023. Les animateurs de ce mouvement citoyen, via une pétition qui a recueilli plus de 2000 signatures, appellent cependant à la vigilance. « Nous demandons un projet écologique global, qui intègre la protection des racines et un arrêt du stationnement sauvage. » C’est l’objectif que nous nous fixons à Pau : une mobilisation citoyenne et une véritable co-construction pour l’aménagement de la place Gramont. D’autant plus que « échange », « concertation », « écoute » semblent être les thèmes prioritaires de la rentrée politique de François Bayrou. Pourquoi ne pas faire à Pau ce qu’il semble proposer ailleurs ?
Photo googlemaps.
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