« Vu du Béarn », la chronique d’Olivier Dartigolles. Lundi dernier, lors du Conseil municipal de Pau, François Bayrou a accepté ma proposition d’un groupe de travail consacré à la gratuité des transports en commun sur notre agglomération. Enfin ! On va enfin pouvoir échanger dans le cadre de notre collectivité. Depuis 2014, systématiquement, le maire de Pau me répond : « ce n’est pas possible ». C’est donc une première étape. Aujourd’hui, près d’une quarantaine d’agglomérations proposent une gratuité totale. D’autres ont opté pour une gratuité partielle. Toutes en mesurent les effets très positifs. Alors que l’inflation a des conséquences très douloureuses pour le pouvoir d’achat, sur ce « reste à vivre » qui conditionne la dignité des vies, alors que les enjeux climatiques sont vertigineux, il y a des bifurcations qui s’imposent.
On le sait : à Pau, comme ailleurs, il y a urgence à augmenter très rapidement le nombre de déplacements en transports collectifs pour réduire fortement la part de l’automobile en ville. Alors que les parkings relais sont désespérément vides et que les bus le sont trop souvent tout autant, seules des mesures d’incitation, et non de sanction par l’augmentation des tarifs du stationnement, peuvent nous faire basculer dans la ville de demain, celle des mobilités collectives, d’un espace urbain décongestionné, respirable.
Sur le plan social, la gratuité des transports sera une aide concrète. On me répond : « il existe des tarifs sociaux ». Certes, mais seule la gratuité crée les conditions du droit à la mobilité pour toutes et tous. Dans le Pays d’Aubagne, puis dans d’autres collectivités en France, plus récemment à Dunkerque, Clermont-Auvergne, où encore à Montpellier, la gratuité des transports publics, en semaine ou le week-end, s’est traduite par une forte progression du nombres d’usagers, par une meilleure connexion entre les cœurs de villes et les quartiers populaires, où la population se sent trop souvent assignée à résidence, par un soutien aux activités commerciales et de services des centre-villes.
Aujourd’hui, de fait, la seule réponse des opposants à la gratuité est de nous dire : « la gratuité n’est pas gratuite ». En effet, elle ne l’est pas, quand bien même les recettes de billetterie ne correspondent qu’à une part modeste des recettes totales. La gratuité est une décision politique. Un choix pour un projet urbain d’avenir. Elle est aussi un levier pour de réelles économies en termes d’entretien des voiries puisque le nombre de voitures individuelles est réduit, mais aussi en matière de santé publique avec l’impact sur la qualité de l’air. Avec l’expérience de la crise sanitaire que nous venons de vivre, n’est-il pas tant de construire, pour de vrai, le « monde d’après ». Il n’est donc plus possible que tout soit marchandise. Les mobilités doivent, comme la santé, l’éducation, la culture, devenir des biens communs.
Enfin, la mise en œuvre progressive de la gratuité des transports publics permettra d’organiser une consultation citoyenne sur les besoins en matière de déplacements. Je rencontre souvent des paloises et des palois, des habitants de l’agglomération, qui me disent que des itinéraires, des arrêts ou des horaires de bus ne correspondent pas à leur vie professionnelle, à leurs besoins, contraintes ou envies.
Et si le bus devenait le prolongement du trottoir ! Un espace pour vivre et se déplacer ensemble.
Photo @IDELIS_IDECYCLE
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