Il est de terribles plans de réductions d’emplois qui se déroulent dans un silence assourdissant. Dans le secteur du maraîchage, une ferme sur dix a disparu depuis le début de cette année. Trois-mille-cent exploitations ont fermé leurs portes avec leur cortège de souffrances et de larmes, d’inquiétudes et de stress et des milliers de suppressions d’emplois induits.
Cela n’a fait la UNE d’aucun journal. Et, pourtant… Et pourtant cela concerne notre alimentation et la souveraineté alimentaire de la France.
En cause les difficultés qui depuis un moment s’accumulent et s’accélèrent maintenant avec les hausses considérables des prix de l’énergie, des carburants, des intrants, de la logistique qui plombe l’équilibre économique des exploitations depuis la fin de l’année 2021.
Les effets de la guerre en Ukraine amplifient encore ces phénomènes. Les factures d’électricité ont été multipliées par huit ou dix ce qui renchérit encore les coûts de production, en serre notamment. La sécheresse de cet été a littéralement asphyxié des productions comme le haricot vert, réduit de plus d’un quart la production de salade du fait des restrictions d’arrosage.
Sur ce segment la souveraineté alimentaire est mise à mal.
En effet, notre pays produisait 5,5 millions de tonnes de légumes en 2021, sans compter les pommes de terre. Mais nous en avons importé 5 millions de tonnes supplémentaires. Depuis vingt ans, nous importons de plus en plus de carottes, de salades, de courgettes….. Si les pouvoirs publics n’agissent pas contre le désastre en cours, avec ses conséquences pour la vie humaine, la vie des territoires, l’emploi, la qualité alimentaire, l’environnement, la France, grand pays agricole, ne couvrira bientôt plus que le tiers de sa consommation.
Il est donc urgent d’agir. D’abord en rendant possible une diminution des prix de l’électricité en les déconnectant des prix du gaz. Pour cela, il faut comme l’a fait l’Espagne sortir du marché unique européen de l’électricité. Ceci permet aux maraîchers de ce pays d’accéder à une énergie trois fois moins chère que chez nous. Des moyens financiers de compensation des baisses de revenus doivent être rapidement décidés pour empêcher la fermeture de nouvelles exploitations maraîchères. Ces enjeux ne peuvent être dissociés de deux nécessités : obliger les centrales d’achat à réduire leurs marges pour augmenter les prix à la production et augmenter les salaires au-delà de l’inflation afin de réduire le nombre de celles et ceux qui se privent de manger convenablement. Le débat public doit s’emparer de ces questions essentielles pour les producteurs comme pour les consommateurs.
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